Extension du culte de Saint Gengoux
Les témoignages sont nombreux de l’importante extension du culte de Saint Gengoux notamment en France, aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg, dans les pays de la Moselle et du Rhin.
Beaucoup de martyrologes en font mention : Liège, Trèves, Utrecht, Dijon, Cologne, Lübeck, Bruxelles, Tournai, Besançon, Mayence, Anvers, Spire, Bamberg, Echternach, Reichenau, Prague, Ratisbonne, ….
De nombreuse églises furent érigées en son honneur : 7 dans le diocèse de Langres, 14 dans le diocèse de Nancy, à Mayence, près de Constance, à Trèves, à Liège, à Bamberg, Florennes, Vielsalm, Lautenbach, Metz, Toul, Eckstädt, Freisdorf….
Plusieurs localités ont conservé dans leur nom même le souvenir du martyr de Varennes. Pour s’en tenir à la France : St Gengoulph près de Neuilly saint Front (Aisne), St-Gengoux dans le canton de Larochemillay (Nièvre), St Gengoux le National, St Gengoux de Scissé (Saône et Loire), St Gingolph , sur le lac Léman (Haute Savoie).
De nombreux prieurés ou chapitres de chanoines furent fondés sous son vocable notamment à Toul, Langres (relevant de l’abbaye de Bèze), Lautenbach (abbaye de Murbach), Florennes (abbaye St Jean-Baptiste de Florennes), Varenne sur Amance (abbaye de Molesme), St Gengoux le National et St Gengoux de Scissé (abbaye de Cluny).
Alors pourquoi, les bénédictins se sont-ils tellement attachés à St Gengoux ? bien sûr, la presque totalité des monastères étaient de la famille religieuse de Saint Benoît, mais pourquoi ces monastères choisissaient-ils pour patron de leurs fondations annexes saint Gengoux qui n’était que « laïc ». ?
Faute d’avoir trouvé des documents précis apportant une réponse, l’auteur suggère ceci : les Bénédictins, en créant des prieurés ou en favorisant des fondations annexes voulaient entrer davantage en contact avec les régions voisines, eux qui ne sortaient guère de leurs abbayes. Leur but était de les évangéliser, d’y faire pénétrer le message chrétien. Ils ont dû penser que placer ces prieurés sous le patronage d’un saint connu et populaire faciliterait le succès de leur dessein missionnaire.
Saint Gengoux le National : Les Bénédictins de Cluny, installèrent là un prieuré au vocable de Saint Gengoux.
Au XIIIème siècle, Saint Louis qui y séjourna en 1245 ou 1246, accorda à la cité une charte qui lui conférait le régime des villes royales avec milice commandée, impôts perçus et justice rendue au nom du roi. La Révolution ne pouvant supporter le nom de St Gengoux le royal proposa le nom de Bonvineux puis par décret de la Convention du 4 mars 1793, le nom de Jouvence. Puis…on revient à St Gengoux le National. On dit qu’il existe la fontaine où Ganéa a trempé son bras ce qui est aberrant compte tenu de la distance entre Varenne et St Gengoux…..Mais on trouve une fontaine (ce qui n’a rien d’étonnant avec le Patron des sources). Pour le reste, pas de procession, pas de pèlerinage et pour cause…
Beaucoup plus intéressante est la mention d’une étrange confrérie, disparue à la fin du XIXème siècle : « la confrérie des cornards comptait 10 à 12 membres, tous bourgeois de St Gengoux, habillés en mousquetaires. On ignore la date de sa création mais sans doute au XIIème siècle. Après le mariage religieux, et le repas de noces, ils rappelaient aux nouveaux mariés, au cours d’une cérémonie burlesque, les infortunes conjugales de St Gengoux en les conduisant, musique en tête, à la Grande Fontaine. Comme jadis, la femme de Saint Gengoux, la jeune mariée devait plonger son bras dans l’eau de la fontaine et, bien entendu, l’en retirer indemne. Alors embrassant sa femme, le mari s’écriait « Elle me sera fidèle ! » et tous les invités en chœur, s’écriant « oui, oui, elle sera fidèle et son mari ne sera pas cornard ! ». Cette tradition disparut en 1880.
Saint Gengoux de Scissé : à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Cluny. Le riche village bourguignon se serait mis sous l’égide du martyr de Varennes parce que le pays manquait d’eau et que de se prévaloir de celui à qui l’on devait le « miracle de la source », avait sans doute été considéré comme le moyen providentiel de remédier à cette désastreuse lacune. Plus convaincant est le fait que les Bénédictins de Cluny avaient dès le Xème siècle, des possessions à Bassy, un hameau de St Gengoux de Scissé où il fut établi un prieuré dont il reste quelques vestiges… Au fond de l’église, une toile représente Saint Gengoux en chevalier du XVIème siècle avec casque empanaché, épée, armure.
Pour les autres villes et villages, honorant Saint Gengoux, on peut se référer à l’ouvrage de Monsieur Paul Pierret aux éditions le Sorbier.